J’ai un nouveau concept !
- Partir pour un cross, bien préparé et tout.
- Aller se vacher le plus loin possible du déco, de préférence en montagne loin de toute civilisation, alors que tout le monde est perché.
- Revenir chez soi en 24h en marche/vol/stop, objectif 0 carbone (sauf celui des bières)
Points bonus pour les conneries qui rendent le challenge plus intéressant (non exhaustif):
- Oubli de la carte IGN, trop facile de savoir où on va.
- Pas de réseau pour charger les cartes google maps
- Pas de duvet
- Petite cuite la veille
- Partir avec son matos de cross (18kg), c’est pas drôle sinon
- Pompotes (et bière) pour seule nourriture
- Se merder sur un parcours “classique pfff trop facile” pour gagner des points de ridicule
- Ignorer soigneusement les faces ouest l’aprèm, les thermiques qui pourraient vous aider à revenir trop près de la maison, etc.
- Se vacher en fond de vallée, suffisamment loin d’un déco possible et de toute route passante.
Ma maigre contribution, vendredi 23 Août
- Objectif : Granier et revenir, peut-être en tapant le StEyn. Grand tour du bocal si je suis perché en revenant.
- Réalisé : StNaze – Granier – StNaze en presque 24h…
- 2000m D+ à pieds dans la journée
- Rando 2 fois la Dent, 1 fois le Granier, et un peu de la route du col du coq
Vendredi matin, Dent de Crolles

La journée est annoncée sympa, mais stable en basses couches. Ayant envie de voler longtemps et loin, je décide de décoller de la Dent vers midi / 13h pour être sûr d’avoir de bonnes conditions pour crosser et éviter la stabilité. Ca fait un bout de temps que j’ai envie de faire Rachais – Granier, aujourd’hui est peut-être le bon jour !
Je pose la voiture à l’atterro de StNaze vers 11h. Aussitôt des parapentistes Lyonnais me montent jusqu’à la route du col du coq, ils vont voler à StHil. On discute un peu, je ne suis pas pressé. Puis un autre parapentiste parti grimper à la Dent avec sa fille me monte jusqu’au col des Ayes. On fait un bout de la rando ensemble, on discute de vol-rando, c’est sympa comme début de journée !
Déco vers 13h après une petite pause casse-croûte au sommet de la Dent. C’est bien alimenté, et une pompe en sortie de déco me propulse au nuage vers 2300. Ça commence bien 🙂
Je vais vers le Nord sous les nuages, au dessus de la ligne de crêtes, ça tient bien. Je n’ai jamais volé sur les faces Ouest de chartreuse, il est encore tôt, je reste en faces Est jusqu’au Granier. Je trouve une ou deux pompes pour remonter mais globalement je descend, mauvaise option. Des voiles parties après moi passent en face Ouest dès que possible mais je suis un peu têtu, je ne fais pas demi-tour pour les suivre. Erreur 🙂

En face Nord je me fais bien appuyer, puis lors de la bascule en face Ouest du Granier je suis sous l’inversion. Petite visite aux écureuils chartroussins, moins généreux que leurs amis de StGervais le week end précédent, et je me vache en fond de vallée près de la station de ski du Granier… Bien joué le tour du Grésivaudant !
15h, quelque part sous le Granier
Bon, il va falloir rentrer maintenant… Je ne suis pas là pour faire du stop toute la journée et attendre au bord de la route une hypotétique voiture ! Il est encore tôt, je remonte “dré dans l’pentu !” pour chercher un déco au dessus de l’inversion et essayer de rentrer.

La rando est jolie mais crevante, ça monte dur. Le chemin passe au travers d’une grotte c’est marrant 🙂 Presque en haut je croise un petit groupe, un de leur pote vient de décoller du sommet du Granier. Mais c’est encore loin, les falaises semblent interminables. Ayant repéré quelques jolies pentes herbeuses je tente de les rejoindre, mais évidemment je me suis planté de versant dans une combe et me retrouve en territoire un peu moins accueillant et beaucoup plus raide. Bref.

Je finis finalement par trouver une jolie pente accueillante, qui a tout pour satisfaire le parapentiste en manque. Sauf que, vu la force et l’orientation du vent qu’il y avait en l’air, je pense qu’elle est sous le vent… Pas vraiment envie de faire un SIV, je me remet à la recherche d’un déco mieux orienté. Au revoir herbe verdoyante, me revoilà en mode bouquetin (il fait un peu chaud…) au pied des falaises, crapahutant vers le sud en espérant trouver mon bonheur.
Déco improvisé aux pieds des falaises du granier, vers 1700m.

Après 10 minutes c’est le cas ! Une large pente herbeuse et chardoneuse s’étend devant moi. Alimentée par une petite brise montante, dégagée, mais surtout très pentue… C’est pas vraiment prévu pour les pioupious mais ça va le faire 🙂 C’est délicat d’installer la voile et faire la prévol, mais je prends mon temps, attache tout ce qui risque de tomber ou rouler. Le déco se passe nickel, et une fois en l’air je trouve une pompe qui me remonte au dessus de 2100m. Yes !
Maintenant, 2 options: partir vers le Nord en vallée vers Chapareillan et me poser près de la nationale pour rentrer en stop, ou partir vers le sud en faces Ouest. Il n’est pas trop tard, et je suis un peu joueur. Direction Grenoble par les faces Ouest ! J’essaie de remonter suffisamment pour repasser en face Est et dégager en vallée, mais je suis trop bas, je ne peux pas passer les cols 🙁 Résultat je m’enfonce progressivement au coeur du massif, loin des falaises.

Après une heure de bataille, re-vache en plein milieu de nulle-part, station de ski de Planolet. La Chartreuse m’en veut aujourd’hui…
X-Chartreuse
Coup de bol 2 touristes qui dorment là ce soir me proposent, que dis-je, s’imposent pour m’aider à plier. Elles n’ont jamais vu de parapente, ça les fait rêver. La question “Euh, dites, on est où là ?” les fait bien marrer 🙂 Du coup pliage rapide tout en discutant (Comment ça marche ? Vous sautez de où ? etc.), et elles me déposent à StPierre. Bière pour reprendre des forces, et c’est reparti pour de la marche et du stop, vu l’heure avancée de la journée inutile d’espérer rentrer en volant. Après de nombreuses tentatives infructueuses (le conducteur chartroussin est de nature peureuse), finalement une dépanneuse me pose au croisement pour aller à StHugues. De là un petit couple me pose au croisement de la route du col du coq, super je suis presque arrivé 🙂
Sauf que. Il est 19h30, et je marche 1h sur la route du col sans voir passer une seule voiture… Moment de solitude 🙂
Finalement, une voiture ! Je me mets presque en travers de la route, pas envie de la laisser filer. Des anglais super sympas me prennent en stop. Leur gamin (3 ans) est super content de voir un parapentiste en vrai, il a vu des ailes dans le ciel c’est un peu magique pour lui (pour moi ça l’est toujours !). Ils vont vers StHil, ça ne m’arrange pas trop pour rentrer à StNaze, du coup je descend au col des Ayes.
Vendredi soir, Dent de Crolles

Vu le nombre de voitures sur cette route, j’ai le choix entre descendre la route à pieds jusque StNaze, ou monter à la Dent ou Pravouta et ploufer jusqu’à la voiture. Je n’ai pas envie de me taper la descente, le ciel est dégagé et c’est encore presque la pleine lune, du coup à 21h j’attaque la montée. Malgré le but de quelques GUCistes hier pour un vol de pleine lune je tente le coup, le ciel est clair et le vent très faible.
Montée très lente, arrivé en haut j’en suis à 2000m de D+ dans la journée, j’ai jamais fait ça (encore moins avec 18kg sur le dos), bref content d’arriver en haut. La lune est trop basse, il fait un peu trop sombre à mon goût… Dommage ! Je joue la sécurité et décide de dormir là haut.
Comme j’ai tout bien prévu, je suis sans duvet ni tente… Ah c’est donc ça le GUC-style ! Ma fidèle Blue me sert de matelas et duvet, et en discutant avec un petit jeune monté faire des photos du coucher et lever de soleil, j’ai trouvé une petite place dans une tente ! Il fait un peu frais mais tout va bien 🙂
Samedi, soaring au lever de soleil

Réveil vers 6h pour profiter de la vue et du lever du soleil. Petit dej Pompote. On est 4 en tout au sommet, c’est très calme. J’adore ces moments en montagne, loin de tout (ou presque, c’est la Dent quand même, pas le K2).
À un moment on entend un bruit, une 5e personne apparaît d’un trou. C’est un marcheur, encore plus à l’arrache que moi, il a dormi dans un sac à viande et une couverture de survie… Chapeau. Il nous propose des mangues séchées du Mali (c’est pas terrible), nous demande si c’est loin Chambéry. Il sait qu’il va pleuvoir comme pas permis mais “c’est pas grave, je peux courir”. Et il part, après être resté quelques minutes à profiter de la vue. Et beh…

Les prévis annoncent du sud forcissant, l’arrivée d’un front chaud, et des orages. Je n’ai toujours pas envie de descendre en marchant, donc je ne m’attarde pas trop et me prépare.

Déco vers 7h30, déco bien alimenté, la voile tient toute seule au dessus de la tête et en 2 pas je suis en l’air. Je repasse sous la croix en face Est pour saluer mon hôte de la nuit et “BipBip” ça a l’air de vouloir tenouiller. Quelques 8 sous la croix et hop je repasse au dessus, à 7h30 du matin oO Incroyable, c’est tout doux, c’est totalement imprévu et c’est trop bien 🙂
Posé à StNaze après un plouf de 20 minutes, près de 24h après être parti… J’ai dû faire le Granier le plus lent de l’histoire mais je me suis bien amusé 😀

J’adore!!!!!!!!!!!! Merci pour ce partage Jlg